Mobilité: actualités romandes (Février 2021)

actif-trafiC s’investit depuis longtemps en faveur du maintien et de l’extension du réseau de trains de nuit. Ces dernières semaines deux documents sur le sujet ont paru. L’un a été publié par Germanwatch (en allemand, ci-dessous un résumé en français). Le texte distingue trois priorités pour les connexions inter-européennes:

1. Installer de nouvelles liaisons de jour et de nuit internationales en recourant aux infrastructures déjà existantes
    
2. Assurer la possibilité de réserver aisément des liaisons internationales
    
3. Investir dans des corridors clés et des infrastructures transfrontalières.

Pour Germanwatch, deux connexions sont parmi le plus urgentes à réhabiliter, à savoir un axe Est – Ouest de Varsovie par Berlin et Bruxelles jusqu’à Paris et un autre Nord-Sud, d’Amsterdam par Bruxelles et Lyon jusqu’à Barcelone. Ces deux axes formeraient l’épine dorsale d’un système de trains de nuit à travers l’Europe, auquel d’autres liaisons, comme celles-ci déjà existantes de la compagnie autrichienne de chemins de fer ÖBB pourraient être rattachées. Notons que les pays nordiques ont l’intention de relancer, eux aussi, les trains de nuit. La Suède prévoit une ligne de Stockholm par Copenhague à Hambourg et une autre de Malmö à Bruxelles dès août 2022. Une compagnie privée suédoise Snältarget initiera une ligne de Malmö par Hambourg jusqu’à Berlin dès le 6 mai 2021 (article paru dans le Politiken le 21 janvier 2021). 

En France, le 31 janvier 2021 un article a fuité sur les projets du gouvernement français de réaménager des lignes de trains de nuit (Le Parisien, cliquer ici). Les quatre grands axes suivants sont prévus : Marseille – Dijon, Marseille – Bordeaux, Tours – Lyon et Paris – Toulouse. C’est un début, même si notre association amie «Oui au train de nuit» voyait la nécessité de quatre à cinq fois plus de ces lignes. Effectivement, le Nord de la France fait figure de grand oublié dans ces projections. Et surtout, et cela est important pour nous en Suisse, ces lignes sont seulement franco-françaises et négligent totalement les pays limitrophes (Espagne, Italie et Suisse romande)!  Le minimum à exiger sont des liaisons correctes depuis Genève/Lausanne vers Lyon ou Dijon. Pour comparaison, grâce à l’horaire cadencé il est possible de joindre depuis Genève / Lausanne quasiment toutes les demi-heures Berne (située à 160 km de Genève) de 5 h 30 le matin jusque tard dans la soirée. Or, pour Lyon, également située à 160 km de Genève, l’offre est beaucoup moins étoffée (1 fois par heure aux heures de pointe et sinon env. toutes les deux heures) et s’arrête assez tôt en soirée. Guère de quoi encourager à emprunter un train de nuit français depuis la Suisse…

Il reste donc encore du pain sur la planche, mais un début est fait!  

L'heure est au changement. La crise climatique bat son plein et pour la contrecarrer les CFF ont décidé de... rendre les réservations obligatoires pour prendre son vélo dans le train! Une réaction à l'augmentation de la demande en billets journaliers pour les vélos. Cette mesure, qui vise surtout l'usage récréatif du vélo, risque d'inciter les sportives et les flâneurs à mettre leur bécane dans le coffre plutôt que dans les rames. l'Association Transports et Environnement (ATE), qui critique vivement la mesure, a mené un sondage: la majorité des usagère·ères rejette la réservation obligatoire. actif-trafiC se joint à l'ATE et estime qu'une autre solution existe : la réorganisation du matériel roulant. Un coup d'oeil en première classe suffit à convaincre que ce n'est pas la place qui manque.

La mesure entrera en vigueur au printemps 2021. Il est encore temps de faire pression. Écrivez aux CFF pour manifester votre mécontentement: kundendienst@sbb.ch

Lausanne veut poursuivre ses aménagements en faveur de la mobilité piétonne et cycliste. L’exécutif de la ville a demandé au législatif de libérer 8,5 millions de francs destinés à améliorer et développer le réseau piétonnier et cyclable. Il s’agit en particulier de rendre les tracés continus et sûrs, comme par exemple simplifier la traversée de carrefours et raccourcir les déplacements pédestres et cyclables par des passerelles ou la réhabilitation de passages connectant directement deux rues /quartiers. 

La Loi sur la mobilité cohérente et équilibrée (LMCE) a été acceptée en 2016 par près de 68% des Genevois·es. Elle a des aspects positifs et d’autres nettement moins. Le Canton vient de publier un catalogue de mesures pour sa mise en œuvre (ici). actif-trafiC estime que la ceinture urbaine, qui théoriquement est censée accueillir le trafic de transit et contourner le cœur de l’agglomération, ne peut pas remplir cette fonction, car elle se situe trop au centre de l’agglomération (par ex. axe Charmilles – Nations ou U lacustre autour de la Rade ou encore Pont de Lancy – route du Grand-Lancy). Le deuxième paquet de mesures, la pacification et sécurisation au sein de l’hyper-centre (zone I) et des aires densément peuplées des villes (zones II) par le biais de zones de 20 et 30 km/h et surtout l’extension des zones II a, lui, toutes nos faveurs.

Le schéma d’intention pour les vélos nous semble plus abouti que celui pour les piétons, où nous espérions un maillage plus fin. Nous saluons le désir d’améliorer la vitesse commerciale en accordant davantage la priorité aux transports en commun aux feux. Par contre nous aurions aimé voir figurer dans les mesures une limite supérieure d’une dizaine de secondes comme temps d’attente pour les piéton·ne·s. 

Nous enverrons sous peu notre prise de position plus détaillée au Département des Infrastructures.

Cela faisait longtemps qu'on l'attendait: depuis le 1er janvier 2021, les cyclistes suisses peuvent tourner à droite à une sélection de feux de signalisation, même au rouge. Les feux des carrefours où la mesure est prévue se sont vu affubler d'un petit panneau (très discret) représentant un vélo et une flèche. Attention toutefois: ces feux rouges se muent alors en cédez le passage, et le piéton reste roi. 

L'avancée est minime, mais bien réelle et elle va dans le bon sens: la loi doit tendre à s'adapter aux usages réels de la rue par les usagers·ères de la mobilité douce!

On en rêve encore : les dimanches sans voiture ont donné l’occasion de marcher librement sur les autoroutes et surtout au centre-ville. La sixième ville du pays, Winterthour, veut faire revivre l’idée, pour faire progresser l’idée de la mobilité non motorisée. L’exécutif vient de décider de fermer lors de 4 dimanches par année certaines routes, estimant que ces journées permettent à la population de s’interroger sur son comportement en matière de mobilité. L’exécutif renonce cependant à une interdiction généralisée du trafic lors de ces journées, car il n’en a pas la compétence.