Le ski et la sortie de piste avec le tout-bagnole
L’important trafic automobile au retour du ski ces derniers week-ends étouffe les communes du Chablais. Cette situation est quasiment un cas d’école des limites du transport en véhicule individuel : quand tout le monde souhaite se rendre au même endroit au même moment et que chacun le fait en voiture, cela génère des blocages et des nuisances énormes. Si chacun·e sait que la pratique du ski n’est pas neutre pour l’environnement et la biodiversité, il est admis que d’un point de vue climatique, le pire impact provient du transport automobile pour se rendre en station. Pourtant, des solutions réalistes existent, à condition d’accepter de sortir du « tout-voiture».
Car, comme pour le transport pendulaire, la solution ne viendra ni de nouveaux parkings dans des stations déjà saturées, ni d’un élargissement du réseau routier, mais bien d’un transfert massif vers les transports publics. De manière générale, pour être attractifs, ceux-ci doivent répondre à deux critères principaux. Le premier est que le trajet doit être facile et confortable. En effet, déplacer l’ensemble de son matériel de ski nécessite quelques aménagement pratiques - personne n’a envie de galérer comme Jean-Claude Dusse des Bronzés font du ski dans le métro parisien.
Il faut pour cela un réseau qui desserve l’ensemble du territoire, des horaires qui répondent vraiment aux besoins – des navettes spéciales pourraient être une piste – et une limitation du nombre de transbordements. Du personnel en gare ou des chariots pourraient aussi faciliter la vie des familles, voire des casiers en station pour y laisser ses skis et éviter ainsi de les ramener en ville à chaque fois.
Le second critère est le prix. Les transports en communs doivent être à un coût abordable, moins cher que l’automobile, en couplant par exemple le forfait de la journée de ski avec le billet de train à tarif réduit. Les stations doivent aussi encourager explicitement leur clientèle à venir en transports publics. Tout autre solution, comme l’augmentation du stationnement, est de toute façon une impasse : le territoire des communes n’étant pas extensible, il est inconcevable de créer de nouveaux parkings pour les quelques week-ends en hiver où les stations sont submergées d’automobiles.
Mais ce qui est vrai pour les stations de ski les week-ends d’hiver est aussi vrai pour nos villes le reste de l’année. Vouloir faire entrer toujours plus de voitures dans les stations de skis est tout aussi absurde que de vouloir élargir nos autoroutes, alors que les villes qui en sont traversées ne sont pas plus extensibles. A ce titre, les habitant·es de Nyon, de Morges ou de Lausanne ont tout autant le droit d’être protégé·es de l’important flux de voitures sur les autoroutes se déversant chez eux, que les populations des villages chablaisiens.
Référendum
Rappelons qu’en 2024, le peuple sera amené à voter sur le référendum contre plusieurs projets d’extensions des autoroutes pour la somme de 5.3 milliards, parmi lesquels l’élargissement à 6 voies de l’A1 entre Genève et Nyon. Les loyers, primes d’assurances maladie, et les tarifs des transports publics augmentent, pesant sur le budget des ménages ? Le Parlement a d’autres priorités : investir des milliards dans des méga-autoroutes qui auront pour effet non pas de résoudre les embouteillages, mais simplement de les rendre plus larges !
La question posée à la population sera donc bien plus qu’une question de pro ou anti-autoroutes, mais avant tout une question de comment nous souhaitons nous déplacer à l’avenir : dans des bouchons permanents, ou aux moyens de transports plus collectifs, plus abordables, moins polluants et qui permettent de déplacer plus de monde en occupant moins d’espace ? La réponse est claire : il faudra dire un NON à cette sortie de piste et proposer de vraies solutions d’avenir qui permettent de freiner le réchauffement climatique… et garder nos chances de voir encore de la neige en montagne.