Illustration approximative du rendu possible / Image: actif-trafiC
Communiqué de presse · Genève, le 17.07.2023
Depuis ce lundi 17 juillet, le boulevard du Pont d'Arve à Genève est fermé pour cause de réfection des canalisations, et ce pour plusieurs mois. Pour actif-trafiC, il est serait incompréhensible de revenir à la situation antérieure après la fin des travaux. Les autorités doivent absolument saisir l’occasion pour enfin transformer cette rue sinistrée en rééquilibrant l’espace public en faveur des TPG, des véhicules d’urgence mais aussi des piétons et des cyclistes.
En effet, depuis des années, cet axe traversé par un trafic intense (environ 23’000 véhicules par jour) génère une pollution très largement au-delà des normes pour les riverains. Malgré le passage à 30km/h (une limite qui y est malheureusement mal respectée), l’axe reste sinistré et la pollution et le bruit très largement au-dessus des normes fédérales. Les nuisances y sont massives: façades noircies par la pollution, obligation de vivre fenêtres fermées (ce qui rend l’endroit invivable durant les périodes de canicule), bruit routier continuel, etc.
Ambulances bloquées
Les véhicules d'urgence extrêmement nombreux qui y passent y sont souvent coincés dans les embouteillages. Le boulevard étant un lieu de passage quasi-obligé en chemin pour les HUG pour une grande partie des ambulances, l’aménagement actuel résulte en une entrave importante pour le travail des urgentistes, rallongeant inutilement leur temps de parcours et mettant en danger les personnes transportées.
Bus ralentis
De plus, les véhicules TPG (ligne 1) y subissent aussi fortement les engorgements, alors même que leur parcours se verra sans doute facilité en amont par le projet de requalification de l’avenue du Mail. La vitesse commerciale des véhicules se voit ici inutilement péjorée par ce tronçon, et ce sont sans doute des sommes importantes qui sont gaspillées en pure perte pour la régie publique. L’exemple de la réussite éclatante de la fermeture de la rampe de Pont-Rouge en descente et les précieuses minutes que les TPG y ont gagné doit donner un élan.
Piétons à l’étroit
Pour un axe situé dans la zone la plus dense du Canton (et donc de la Suisse!) – si l’on prend en compte les emplois c’est bien le quartier Cluse-Roseraie qui est en tête – les trottoirs sur cet axe sont particulièrement étroits: il est difficile d’y croiser deux poussettes. Une rue où l'on ne marche qu'en vitesse, tant le bruit et la pollution rendent l’expérience désagréable.
Cyclistes en danger
En montée, les cyclistes sont toujours plus fragiles face au trafic motorisé. Or, la bande cyclable qui existe actuellement est très insuffisante: non seulement les cyclistes y sont coincés entre le trafic motorisé et les voitures stationnées qui les menacent d’emportièrage, mais elle disparaît après le croisement avec la rue Prévost-Martin. Là, les cyclistes, qui doivent redémarrer en montée tant bien que mal après le feu, doivent alors prendre leur place entre camions, voitures et véhicules TPG. Une situation intolérablement dangereuse.
Une opportunité en or pour rééquilibrer (enfin!) l’espace public
Il n’existe pas d’autre solution: il faut diminuer le trafic individuel motorisé sur cet axe, et cela passe immanquablement par un rééquilibrage de l’espace public. Or, les modifications de circulation qu’impose ce chantier constituent une opportunité car elles feront immanquablement prendre aux automobilistes de nouvelles habitudes. On assistera donc très probablement durant ces prochains mois à une évaporation du trafic dont il serait vraiment calamiteux de ne pas profiter pour la transformer en gain à long terme pour améliorer durablement la situation.
C’est pourquoi actif-trafiC demande aux autorités de faire preuve de bon sens et de profiter du chantier pour transformer l'aménagement en surface sans attendre plusieurs années avant de mettre en œuvre un hypothétique projet de requalification. Nous proposons de:
- créer une voie en site propre réservée aux bus et aux véhicules d’urgence
- élargir les trottoirs afin d’améliorer la situation des piétons qui sont aujourd’hui coincés sur des espaces extrêmement réduits
- créer une piste cyclable continue et protégée sur toute la longueur du boulevard
- maintenir une seule voie pour le trafic individuel motorisé et supprimer les quelques places de stationnement sur le côté droit
- évaluer les possibilités de planter une bande de végétation, soit pour séparer l’espace piéton des autres modes, soit pour séparer la piste cyclable du reste de la chaussée
Ces éléments, réclamés par les habitant·es depuis des années, permettront sans doute d'y respecter enfin les normes fédérales de pollution de l’air et de protection contre le bruit, et ainsi d’améliorer la santé des riverains et de rendre cet espace plus agréable à vivre, ce qui serait à n’en pas douter très favorable aussi pour les commerces et leurs clients.
Tout le monde a à gagner: les ambulances, les TPG, les cyclistes, les piétons, et même les automobilistes qui verront le report modal et l’évaporation du trafic fluidifier la circulation pour celles et ceux qui ont vraiment besoin d'utiliser une voiture.
NB: La situation du boulevard du Pont d'Arve est évoquée en images dans notre vidéo "Le scandale de l'espace public à Genève" (dès 2:06) diffusée au printemps 2022.
NB2: L'illustration ci-dessus, réalisée par nos soins, est là pour donner une idée du résultat final, mais bien sûr elle est imprécise (le passage piéton à la hauteur de Prévost-Martin n'a par exemple évidemment pas vocation à disparaître au montage...)