Communiqué de presse · Genève, 20.07.2022
La vague de chaleur historique qui frappe l’Europe de l’Ouest depuis plusieurs jours s’abat sur la Suisse. Avec le réchauffement climatique, les journées où l’on atteint les 38,1°C comme ce mardi 19 juillet à Genève (Cointrin) seront toujours plus fréquentes. actif-trafiC a réalisé des mesures de température de surface en plusieurs endroits et a pu constater l’importance vitale de la végétation pour rafraîchir la ville, comme le demandent les initiatives Climat Urbain lancées dans plusieurs villes suisses.
L’actualité nous montre que les journées de canicule et les nuits tropicales représentent un danger sérieux, pouvant notamment entraîner des décès prématurés. Il est grand temps de prendre des mesures pour y remédier. C'est précisément ce que demandent les initiatives Climat Urbain d'actif-trafiC lancées à Genève et dans plusieurs autres villes suisses.
Afin d’illustrer le pouvoir rafraîchissant de la végétation, nous avons réalisé des mesures de températures de surface ce mardi 19 juillet à Genève entre 16h et 17h15 en plusieurs points de la Ville de Genève, alors que les températures de l’air dépassaient les 37°C selon MeteoSuisse. Les résultats sont édifiants.
Résultats: surchauffe de l’asphalte et des voitures au soleil
Devant la gare Cornavin, la température de surface de l’asphalte exposé au soleil monte à 64°C. Quelques mètres plus loin, proche de l’église Notre-Dame, la chaussée ombragée n’est plus qu’à 44.5°C et l’herbe au pied des arbres à 35.6°C.
À la rue des Pâquis, là où a eu lieu l’action de jardin participatif qui a tant fait parler, le trottoir exposé au soleil atteint 50.1°C. Le capot d’une voiture noire au soleil atteint même la mesure la plus élevée que nous ayons pu enregistrer: 83.1°C! Soit bien assez pour faire cuire un œuf au plat (70°C suffisent)... Quelques mètres plus loin, à la place de la Navigation, sous un arbre, la température du sol n’est plus que de 37°C, démontrant le fort pouvoir rafraîchissant des arbres, par contraste avec l’accumulation impressionnante de chaleur des véhicules et de l’asphalte.
Les revêtements plus perméables permettent de faire très légèrement descendre la température. Ainsi, la surface en «stabilisé» sur la placette piétonne devant le temple des Pâquis affiche 48.4°C, pendant que le trottoir adjacent est à 55.4°C. Mais là encore, seule l’ombre de l’arbre permet de descendre à 36.2°C.
Toujours, aux Pâquis, la rue du Léman, piétonne, fournit des résultats intéressants: si la chaussée est mesurée à 43.5°C, la surface des grands pots à plantes monte à 57.5°C! Cela souligne la nécessité de planter en pleine terre car les pots, exposés au soleil, semblent accumuler beaucoup de chaleur. Les arbres en pleine terre à proximité permettent de faire descendre la surface de la chaussée ombragée par les frondaisons à 33.6°C.
À la rotonde du Mont-Blanc, là où un arbre clandestin avait été planté avant d’être retiré par la Ville de Genève, une croix a été posée ce mardi matin lors d’une action artiviste du collectif «Arbres Citoyens». On notera que la température du sol exposée au soleil au pied de la croix est de 59.3°C (!) alors qu’à quelques mètres de là, l’ombre d’un arbre fait descendre la température au sol à 35°C.
Même constat du côté du Jardin Anglais: la chaussée où circulent les véhicules devant l’horloge fleurie est à 58.5°C à proximité du lieu d’attente des piétons, alors que l’ombre des arbres du Jardin Anglais refroidit le trottoir piéton/vélo à 34.9°C et que l’herbe sous les arbres n’est plus qu’à 29.1°C.
Ces mesures démontrent, si c’était nécessaire, que l’asphalte chauffe fortement et que l’ombre des arbres, couplée à du dégrappage (herbe, etc.) est LA clef pour éviter l’accumulation de chaleur des surfaces et de modérer les températures ambiantes afin de rendre la ville supportable en période de canicule.
Vagues de chaleur : un danger mortel
Les vagues de chaleur, qui ne se produisaient jusqu'à présent que tous les dix ans environ, deviennent la règle en été. Le risque de mortalité augmente de manière significative pendant ces épisodes. Selon l'Office fédéral de la santé publique, entre 521 et 975 personnes de plus sont décédées pendant les étés caniculaires de 2003 à 2019, entre juin et août, que pendant la même période des autres années.
Avec l’effet d'îlot de chaleur urbain, la canicule en ville est particulièrement difficile à supporter. Or, selon une étude de 2017 (CECI, CERFACS-CNRS), les températures en 2050, pourraient, si la trajectoire climatique actuelle se poursuit, dépasser facilement les 50°C lors des vagues de chaleur en France. Par extension géographique, Genève est directement concernée. La question de l’habitabilité des espaces urbains se pose très sérieusement. C'est pourquoi ceux-ci doivent être réaménagés de manière à offrir une qualité de séjour et d'habitat vivable et agréable, même en cas de chaleur estivale croissante.
Climat Urbain en Suisse: des initiatives indispensables!
Avec les initiatives Climat Urbain, chaque année, 1% de la surface des rues doit être converti en espaces verts arborés et en espaces réservés aux piétons, vélos et transports publics. Ces initiatives contribuent ainsi à lutter contre les causes et les conséquences de la crise climatique.
A Saint-Gall, un premier succès a déjà été obtenu : grâce aux initiatives Climat urbain, la ville convertira au cours des 10 prochaines années 200'000m2 pour des transports respectueux du climat et des espaces verts et arborés. Des initiatives Climat Urbain ont aussi été lancées à Zurich, Bâle, Zurich, Coire, Berne, Ostermundingen et bientôt Bienne.
Un arbre avec une grande couronne sur un espace vert fournit la puissance de refroidissement de dix climatiseurs, il est à la fois réservoir d'eau et filtre à air. Cela contribue à une réduction significative de la température dans les villes touchées par la chaleur. Pendant la journée, la température ressentie de l’air diminue de –4 à –8 °C. Le nombre de jours de canicule et de nuits tropicales peut ainsi être sensiblement réduit. De plus, les arbres améliorent la qualité de séjour et notre bien-être et évitent les effets secondaires négatifs de la climatisation (gaz à effet de serre, consommation d’électricité, rejets de chaleur, etc.). Une raison suffisante pour que les villes se réveillent enfin et aillent de l'avant - pour des villes fraîches limitant la torpeur estivale.
actif-trafiC publiera sous peu une vidéo relatant ces mesures.
NB : mesures effectuées au moyen d’un détecteur thermique BOSCH UniversalTemp, le mardi 19 juillet entre 16h15 et 17h15